Ce n’est un secret pour personne, la Corse est une terre où les traditions et les coutumes ont une place privilégiée. L’année est marquée par de nombreux événements qui donnent lieu à des célébrations, souvent endémiques à l’île de beauté. 

Mais aucun moment de l’année ne rivalise en ferveur avec Noël. La nuit du 24 décembre est en effet un véritable condensé de traditions à la fois religieuses et païennes où la famille est au cœur de l’événement et la transmission omniprésente. 

 

Le feux de Noël

 

Si c’est votre premier Noël en Corse vous serez surpris par ces amoncellements de troncs d’arbres en face des églises. C’est le fameux “Focu natalescu”, également appelé “Rocchiu”.
Dans la tradition, ce sont les enfants qui passaient de maisons en maisons pour collecter du bois auprès des habitants. Ces derniers leurs donnaient bûches, branchages et autres débris de bois afin de participer au feu. 

La taille du bûcher peut atteindre plusieurs mètres de haut d’autant que certains villages mettent un point d’honneur à ériger le feu le plus impressionnant. 

Le feu est traditionnellement allumé à la sortie de la messe de minuit et les habitants demeurent autour du foyer quelques longues minutes avant d’aller réveillonner.
On raconte qu’une fois le feu éteint le lendemain, les habitants recueillaient les braises encore rougeoyantes du feu pour les ajouter à celles de leur propre cheminée.

Aujourd’hui, la durée du feu est l’objet d’une compétition bon enfant entre les différents villages qui s’amusent à comparer la durée de vie de chacuns de leurs brasiers. Si certains feux peuvent tenir plusieurs jours, gare à ceux qui l’auraient vu s’éteindre dans la nuit ! 

Les Sept veillées 

 

La tradition des sept veillées, qui nous vient plus spécifiquement de Haute-Corse est un symbole de transmission, de solidarité et de partage intergénérationnel. 

Les jeunes du village avaient coutume de se rassembler en sept groupes qui se dispersaient dans le village et allaient à la rencontre de sept familles. A chaque fois, ils apportent une bûche à mettre dans la cheminée et restent un moment pour la veillée à partager des anecdotes, des souvenirs et…des gâteaux ! 

Même si cette tradition est moins vivace aujourd’hui, il y a encore un grand nombre de villages où elle est encore observée. 

 

Le repas de Noël 

 

 

La Corse est une terre de gastronomie (voir d’ailleurs notre article sur le sujet). Noël est un condensé pantagruélique de ce savoir- faire culinaire. 

Avis à celles et ceux qui surveillent leur ligne. Faites une exception pour le soir du 24 décembre car les mets seront riches. Il ne faut pas oublier que les traditions culinaires corses sont principalement issues d’une culture pastorale montagnarde et qu’à ce titre les plats sont copieux et tiennent chauds ! 

Le figatellu est emblématique de la gastronomie de Noël. C’est une saucisse de foie qui est cuite au feu de bois, souvent à même la cheminée. Elle est principalement servie en entrée, consommée avec du pain. Elle se consomme grillée plus qu’à point et son goût très salé caractéristique est reconnaissable entre mille. Au bord de la mer on lui préférera la poutargue, une saucisse d’oeuf de poissons séché, particulièrement forte en goût également. Pour accompagner ces mises en bouche, on consomme aussi fréquemment des beignets “fritelle” de courgettes ou de fromages. 

Le plat principal est souvent constitué par l’agneau ou le cabris en sauce. On l’accompagne volontiers de châtaignes et de polenta.
Pour le dessert, difficile d’échapper à la bûche de Noël “Ceppu di Natale”. Traditionnellement elle est fourrée à la châtaigne mais aujourd’hui il est fréquent de la préparer à la noisette ou aux citrons confits. 

A noter que la tradition recommande de laisser une assiette vide pour les nécessiteux. L’assiette du pauvre. ( A piatu di u puvarettu)

 

La tradition de l’Ochju 

 

Au même titre que le feu de Noël, l’ochju est une tradition qui emprunte à la fois au christianisme et au paganisme. 

L’Ochju (prononcez Otiou) désigne le mauvais oeil qui peut nous être donné par la jalousie, la méchanceté ou les mauvaises pensées des uns et des autres. 

La nuit de Noël est l’unique occasion de transmettre le rituel pour l’exorciser.
Cette transmission se fait généralement de femme à femme, parfois au sein du même foyer. 

Le rituel en lui-même consiste à ajouter quelques gouttes d’huile à une assiette remplie d’eau et à la faire tenir par la personne qui souhaite se débarrasser du mauvais œil. 

Si les gouttes d’huile restent entières, l’intéressé a été “annuchjé”, il a le mauvais oeil. 

Une prière et des gestes très précis sont alors dispensés afin d’y remédier.

 

 

Mais Noël c’est aussi la fête des enfants. Dans la tradition corse, avant que le père noël ne vienne les couvrir de cadeaux, c’était l’enfant Jésus qui leur apportait leurs présents. Depuis les années 50 le traineau du père Noël fait escale sur l’île de beauté et si ce gentil barbu en tenue rouge n’a pas d’origines corse, la chanson la plus célèbre lui rendant hommage a pourtant été chanté par Tino Rossi…né à Ajaccio. 

 

 

Vous pouvez à présent célébrer la fête de Noël dans la plus pure tradition corse. Comme on dit sur l’île de beauté : Bon Natale a tutti !