Les rivages de l’île de beauté n’ont pas toujours été les havres de paix et de bien-être qui font aujourd’hui sa réputation. Pendant des siècles, la côte corse était un espace craint, dans lequel les habitants s’aventuraient rarement par peur des invasions brutales et fulgurantes des pirates barbaresques. Il ne vous aura pas échappé, que les villages se situent en hauteur afin de voir venir l’envahisseur de loin.
Aujourd’hui, le tumulte des razzias est bien loin, et il faut une bonne dose d’imagination pour se projeter dans ce passé trouble. Pourtant, les tours génoises en sont les témoins inamovibles.
Un peu d’histoire :
En 1453, Constantinople est prise par les troupes turques. Cet épisode inaugure plus de trois siècles d’insécurité sur l’ensemble des côtes méditerranéennes. Dépourvues de grandes villes et de garnisons pour les défendre, les îles isolées comme la Sardaigne, l’Île D’Elbe ou encore la Corse sont particulièrement prisées par les pirates.
Ces derniers accostent à bord de rapides esquifs et pillent le littoral, emportant avec eux des milliers d’hommes et de femmes, vendus comme esclaves sur le marché d’Alger.
La Corse appartient alors à la République de Gênes et la population terrorisée demande protection. Gêne procède alors à la construction de 90 tours le long du littoral. Ces tours viennent s’ajouter à la vingtaine de tours déjà édifiées par les Pisans (ces dernières étaient carrées, les tours génoises seront rondes.). Le but, n’est pas vraiment de défendre l’île, mais plutôt de signaler un danger dès que celui-ci se présente. Chaque tour était visible d’une autre ce qui permettait par un système de feux aussi rudimentaire qu’efficace de mettre l’ensemble de l’île en alerte en quelques heures. Certaines de ces tours étaient dotées d’une citerne ou de dispositifs de défense plus avancés (mâchicoulis, tourelles) mais la plupart se caractérisent par leur simplicité et leur robustesse.
Les tours génoises aujourd’hui
Sur les 120 tours que la Corse compte au XVIIIe siècle, ne subsistent plus qu’une soixantaine d’édifices dans des états variables de conservation. Si certaines sont quasiment intactes, d’autres sont ruinées et disparaissent peu à peu sous la végétation sauvage.
Les plus belles sont classées monument historique et à ce titre bénéficient de mesure de restauration. Si vous vous lancez dans un tour de Corse de ces sentinelles de pierre, dirigez-vous en priorité vers le Cap corse. Cette micro région, était la plus exposée aux attaques et les tours y sont nombreuses et souvent magnifiques.
Quelques tours remarquables :
La tour Santa Maria : située dans le Cap corse, elle a la particularité d’avoir été en partie détruite par une attaque commandée par l’amiral Nelson. Cette destruction a emporté une aile de la tour, laissant subsister un véritable plan de coupe permettant d’admirer l’intérieur de l’édifice et la manière dont il fut bâti.
La tour de l’Ossau : Également dans le cap Corse, elle est célèbre pour ses ossements retrouvés dans ses fondations. Son état de conservation est admirable et elle surgit à proximité de la route, vous permettant de l’admirer facilement.
La tour de la Parata : sans doute la plus photographiée, elle est située sur l’îlot du même nom dans le golfe d’Ajaccio. Sa situation au sommet de l’îlot, son état de conservation et son allure au soleil couchant en font un point de vue immanquable.
La tour de Nonza. Bâtie sur le modèle traditionnel des tours génoises, elle a pourtant été construite après la période génoise, en 1760, sur les ordres de Pascal Paoli pour surveiller le golfe de Saint-Florent. Construite en schiste, elle se pare de reflets bleus et gris qui la rendent reconnaissable entre toutes.
À proximité du camping La Pinède :
La tour de la Pietra (à 20 minutes du camping) : à Ile-Rousse, elle se dresse sur les îlots au large de la ville. Établie en 1530, elle est en parfait état de conservation et vous pourrez l’atteindre en 5 minutes de marche depuis le parking de la Pietra
La tour de Lozari (à 30 minutes du Camping) : la tour de Lozari était jusqu’à peu dans un état préoccupant de conservation. Intégralement restaurée, elle est désormais dotée d’un escalier qui vous permettra de grimper sur le chemin de ronde. Une excursion qui ravira toute la famille. IL vous suffit d’emprunter le petit sentier qui part du parking de la plage et de cheminer pendant 10 minutes dans le maquis. Depuis la tour de Lozari, vous devinez les restes de la tour génoise de Cala Rossa, sur votre gauche.
La tour de Spano : (à 15 minutes du camping) : en venant de Calvi, tournez à gauche à l’intersection qui mène à la marine de Sant’ambroggio, et suivez les panneaux en direction de la pointe de Spano. Le lieu, placé sous la protection du conservatoire du littoral, est sauvage et magique. Les rochers (ou taffoni) y sont énigmatiques et les criques vous invitent à la baignade. La tour qui se dresse au milieu des rochers est en bon état de conservation. Évitez toutefois d’en tenter l’ascension, les chutes de pierres y sont fréquentes.
Si les vestiges historiques vous passionnent, vous pouvez conclure votre visite en beauté par l’exploration de la citadelle de Calvi. Un chef-d’œuvre de l’architecture militaire génoise. Bonne visite en Corse et dans le temps !